Le M.U.R ou l’audace du street-art

Dans la droite lignée du M.U.R d’Oberkampf à Paris, le M.U.R d’Aix-les-Bains a fait son apparition dans l’hexagone au printemps 2021, à l’initiative d’une association de graffeurs chevronnés rentrés au bercail. L’une de leur grande fierté ? C’est que le M.U.R d’Aix est le plus grand (format) de tous, devant Paris, Marseille, Grenoble ou encore Dijon. Pas si mal !

Si le M.U.R. a reçu un accueil plutôt bienveillant à Aix, il faut bien reconnaitre que les débuts du M.U.R sont le résultat d’un bras de fer artistique. Remontons aux origines du M.U.R, né à l’aube des années 2000 à Oberkampf. Dans le milieu, Oberkampf, ça pèse, parce que c’est l’un des spots des brigades anti-pub. En l’occurrence, ça commence avec des graffeurs qui prennent pour cible permanente un panneau d’affichage 3 x 8 m. La pub’ est déchue. L’art de rue bienvenu.

Le M.U.R et ses origines anti-pub

Ce sont les graffeurs qui vont mener la danse, au début avec des renommés Thomas Schmitt, puis Jean Faucheur, diplômé des Arts déco et graffeur, qui présente 10 oeuvres successives, puis le cercle s’élargit. Le collectif s’affirme, éphémère, libre et déterminé. Son nom : « une Nuit ». Et voilà que plusieurs opérations nocturnes sont organisés pour recouvrir les pub’ par des graffitis dans les XIème et XXème arrondissements.

En 2005, la Ville de Paris concèdera le premier panneau à la jeune association « Le M.U.R » qui anime ce panneau comme une galerie éphémère à ciel ouvert. D’incroyables collaborations s’enchaînent avec des artistes du street-art. A noter aussi l’exposition « Né dans la rue – Graffiti » soutenue par la Fondation Cartier. Acryliques, encres, aérosols, collages ou performances en direct, les modes d’intervention sont libres et multiples, telle est l’ouverture artistique du M.U.R, comprenez Modulable, Urbain, Réactif.

Le M.U.R a trouvé sa place à Aix-les-Bains

C’est à l’initiative du graffeur (assagi ?) Kamo que le M.U.R investit la cité thermale. Une multitude de murs pourrait s’offrir aux graffeurs. Ce sera le plus grand et l’un des plus centraux que la Ville d’Aix accepte de céder : le fronton Ouest des halles du marché. Plusieurs commerces voisins ou non deviennent sponsors (le restaurant Monsieur Madame, le bar Le 5 Points, l’hôtel Aquakub, le magasin Eighty One Store ou encore Jefco). Une belle main tendue aux graffeurs et ils le leur rendent bien. Tout simplement parce que le M.U.R et ses oeuvres apporte un sacré coup de jeune à la place Clémenceau, un peu tristoune quand ce n’est pas jour de marché.

Crédits photo : Riverside Photography
Crédits photo : Virginie d’Aix

Le M.U.R à Aix et de sacrées pointures de l’art urbain

En un an, de sacrées pointures ont brandi leur bombe sur ce nouveau M.U.R. Les premiers à l’inaugurer : Chanoir et Alfe. L’avantage d’être le plus grand M.U.R de France, c’est de pouvoir le diviser en 2. On sait être « fair » ! Leurs univers sont différents. D’un côté, Chanoir, street artiste et designer franco-colombien vit à Paris et travaille à travers le monde.

« Depuis plus de 25 ans, ses chats pullulent sur les murs, se rencontrent, échangent jusqu’à former une grande famille où se déclinent les humeurs et les sentiments de notre temps. » dixit les experts du M.U.R aixois.

Quant à Alfe, les connaisseurs louent son sens du graffiti épuré au service de fresques très graphiques aux lignes dynamiques et aux couleurs vives.

On retient aussi le passage très remarqué de l’artiste parisien Fuzi devenu une figure du street-art et du tatouage sur le West Coast et connu pour avoir notamment tatoué Scarlett Johansson… Rien que ça !

A ce moment-là, en juillet 2021, un autre héro du graff’ fait une apparition du côté de la MJC et sur la place de l’hôtel de Ville avec une Ferrari customisée : Sike, le graffeur au style so 1990’s et aux moultes faits d’arme dont celui d’avoir été incarcéré 18 mois pour s’être attaqué aux murs de Montréal. Ouh le Bad boy !

Le M.U.R fait l’événement à Aix-les-Bains

En clair, le M.U.R fait l’événement à Aix. Autour de chaque nouvelle fresque, bien sûr. Le vernissage est l’occasion pour l’artiste de dédicacer des sérigraphies éditées en 50 à 80 exemplaires. Chaque fresque a une espérance de vie de 4 à 6 mois.

Guettez aussi du côté du parc de Verdure, l’un des kiosques ouvre périodiquement ses portes pour accueillir une expo très éphémère à ne pas manquer. L’entrée est libre. C’est le moment idéal pour faire le plein de connaissance et d’anecdotes sur le street-art, avec des passionnés.

Et s’il y avait un murmure du M.U.R, ce serait celui-là : n’allez pas confondre le street-art savamment disruptif, et un peu trop marketé, avec l’art urbain instinctif et revendicatif.

Crédits photo : Riverside Photography

Les rendez-vous à ne pas manquer

Graffiti et street-art, la conférence

Cinéma Victoria
12 janvier • 18h30

Nicolas Gzeley, journaliste, photographe et artiste documente la scène hexagonale des arts urbains depuis le début des années 90. Ancien rédac’chef des magazines spécialisés Gettin’Fame, Graffiti All Star, Stuart et fondateur du site Spraymium Magazine, Nicolas Gzeley est également l’auteur de plusieurs ouvrages et commissaire d’exposition et administrateur de la Fédération de l’Art urbain.

Entrée libre. Inscription recommandée ici.

Exposition éphémère

Kiosque du parc
13 janvier • 18h30

L’artiste toulousain Cédric Lascours alias Réso présentera ses toiles le 13 janvier à 18h30 lors d’un vernissage. L’occasion de découvrir en avant-première l’univers artistique de Réso, invité à graffer sur le M.U.R par ailleurs.

L’exposition restera installée pendant 1 mois.

Entrée libre.

Visite privée à solliciter auprès de Julien au 0629432173

  

La fresque du M.U.R signée Reso

Place Clémenceau
Inauguration le 14 janvier • 18h30

La fresque de Fuzi a fait son temps, place à l’artiste Reso pendant 3 mois.

Le mot expert
« Une obsession pour la lettre poussée à l’extrême dans une recherche graphique toujours nouvelle, père du wildstyle, l’artiste se laisse aller aujourd’huii à une abstraction et une recherche de mouvement expansifé »

A contempler directement depuis la rue.

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Publié par Karen

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