Du temps de … Jacquot, roi des ânes

Oubliez l’image d’Epinal de la Reine Victoria en pleine ascension de la Chambotte sur une chaise à porteurs. La Reine Victoria, en dépit de son grand âge lors de ses séjours aixois, aspirait à davantage de dignité et de liberté. Le complice de ses escapades impériales n’est autre que l’âne Jacquot. Une vedette bien aixoise.

Erigée en symbole de l’apogée aixoise, la Reine Victoria, qu’on ne s’y méprenne, est venue à trois reprises à Aix. Avant et après elle, bien des personnalités ont contribué à l’essor de la cité thermale, d’autant qu’elle n’a jamais personnellement suivi de cure, contrairement à sa fille, la princesse Béatrice de Battenberg.

L’histoire d’Aix veut que la Reine Victoria adorait se promener à travers les paysages verdoyants bordant le lac du Bourget. Ne doit-on pas aux Britanniques le « tourisme » ? Des « tours », la Reine en a fait, en prenant personnellement les rênes d’une voiture à cheval, ou plutôt à poney (poney chair), voguant ainsi des côteaux d’Aix jusqu’à la Grande Chartreuse.

C’est lors de son dernier séjour aixois – en 1890 exactement – que la Reine Victoria fait l’acquisition d’un âne aixois. Le bien nommé Jacquot.

« La reine Victoria avait donné des ordres pour dénicher un animal qu’elle pourrait conduire elle-même, doucement et surement, sur les chemins tortueux de Tresserve et de la Dent du Chat. L’âne, qui aurait valu 2 livres seulement sur la place du marché de Chambéry, fut acheté 20 livres à un pêcheur. »

Xavier Paoli, Leurs Majestés, 1912

Certains témoins rapportent que la Reine a tenu à payer son âne plus cher que le prix demandé par l’Aixois…

L’âne aixois, so fashion !

Il faut dire qu’Aix au XIXème siècle fonctionne à dos ou à force d’âne. Et les mondains suffisamment curieux loueront les qualités exceptionnelles de ces montures.

« La vie des ânes d’Aix se partage en deux grandes époques : l’été ils appartiennent à la fashion ; l’hiver ils sont la proie du travail. Coursiers pendant la belle saison, ils redeviennent de vrais ânes quand souffle la bise. »

Amédée Achard, Une saison à Aix.

​L’âne Jacquot, lui, deviendra un membre à part entière de la vie de la famille royale. Complice des escapades royales, il devient aussi la mascotte des bambins de la dynastie. Il lui suivra d’ailleurs dans son déplacement à Grasse, avant de regagner les écuries de Buckingham Palace.

Un vrai conte de fée.

Publié par Karen

Made in Aix