Festival du Cinéma français : « Il fallait un festival du cinéma à Aix-les-Bains » dixit André Dussollier

Créer un festival de cinéma, dans cette période compliquée, voilà un pari un peu fou aux yeux d’André Dussollier. S’il ne jouait dans aucun film en compétition, c’est en ami et voisin annécien qu’il a fait l’honneur d’une visite à cette première édition du festival du cinéma français d’Aix-les-Bains. Retour sur les impressions de ce grand acteur.

« J’ai redécouvert Aix à travers le cinéma »

André Dussollier est venu au Festival du cinéma français d’Aix-les-Bains en ami, en voisin même. Il rappelle à qui veut que lui a grandi à 2km de Cruseilles, près du plateau d’Assy, un autre cadre qui s’est d’ailleurs aussi prêté à d’autres péripéties bien réelles. Une pension à deux pas de chez lui, reconvertie depuis une splendide maison d’hôtes, avait accueilli le jeune Mesrine… Il estime que l’attrait d’Annecy auprès des cinéastes et des productions a été une chance pour son lancement. L’enfant du pays haut-savoyard se souvient que beaucoup de films y ont été tournés, à l’instar du 5ème opus des contes moraux d’Eric Rohmer, « le Genou de Claire », tourné à Talloires.

C’est finalement au cours de sa carrière d’acteur, qu’il a découvert, redécouvert Aix-les-Bains, son lac et la côte sauvage qu’on a su conserver. En témoigne encore récemment la trilogie de Pascal Thomas inspirée de l’oeuvre d’Agatha Christie (quelques infos ici). L’acteur se souvient de ces tournages partagés avec Catherine Frot, ayant elle même une attache particulière avec Aix, puisque sa maman fut un temps aixoise.

Le charme a opéré. Aujourd’hui, il fait entendre qu‘il ne serait pas contre de s’installer par chez nous, conquis sans doute par la vue offerte depuis la terrasse de l’hôtel Incomparable qu’il venait de quitter avant de rejoindre le festival. Et d’ajouter avec humour : « vous croyez qu’on peut encore construire ? ». No comment.

« Ce n’est pas un hasard
s’il y a un festival du cinéma à Aix-les-Bains »

Pour lui, tout se prête au cinéma à Aix-les-Bains. « Il y a une atmosphère, ce calme… tout se prête à un film policier ». A bien regarder la filmographie dont peut se targuer Aix-les-Bains et ses environs, reconnaissons qu’il y a eu moins de films à l’eau de rose que d’intrigue dramatique (lire ici notre article sur les films tournés à Aix).

Un festival du cinéma à Aix-les-Bains, en voilà une évidence aux yeux d’André Dussollier, même s’il concède que cela relève d’un pari un peu fou… en cette période où les salles ont du mal à redémarrer. Incontestablement, pour André Dussollier, le cinéma doit vivre dans les salles de cinéma.

Il se souvient d’ailleurs de cette courte expérimentation de la SNCF, jadis quand il prenait le train de 22h13 d’Annecy pour rejoindre la capitale. Les arrêts semblaient parfois interminables, mais heureusement… « il y avait un wagon cinéma, c’était fabuleux, mais ça n’a pas duré longtemps… » Et d’ajouter amusé « maintenant, on n’a jamais autant regardé de films à bord du train, mais ça n’a rien à voir, tout le monde regarde son film sur sa tablette, son ordi ».

« Aller au cinéma, c’est un rendez-vous »

Cette première édition du festival du cinéma français à Aix-les-Bains a tout pour lui d’un signal fort pour l’industrie française du 7ème art. Certes, encore cette année, seules les petites (moins de 3 millions de budget) et les grosses productions (plus de 10 millions de budget) parviennent à tirer leurs épingles du jeu. L’instabilité est encore forte, les entrées peinent à décoller.

Certes, il n’est pas aisé de ramener le public dans les salles, les gens ont du mal à se défaire de certaines habitudes prises ou renforcées par les confinements. « On ne peut pas leur reprocher, il faut 4 mois pour qu’un film passe en VOD. »

Il faut y croire : le cinéma doit rebondir, il doit retrouver son public. « Il n’y a rien de pire qu’un film qui part directement sur les plateformes sans passer en salle. Bien sûr qu’on ne peut pas tout aller voir, il y a parfois 17 films qui sortent par semaine. Il faut garder l’étape de la salle, parce que c’est un événement, même si le film fait peut d’entrées. Le fait qu’un film passe en salle, c’est un rendez-vous, on en parle, qu’on y aille ou non. »

L’acteur chevronné salue donc aussi l‘audace du Festival aixois : faire appel au public pour départager les films en compétition. « C’est intéressant de s’en remettre au choix du public, quel qu’il soit, amateur ou non, parce que le public est sincère. En fait, c’est démocratique ! ». Mais est-ce bien étonnant qu’un homme de théâtre aussi aguerri soit adepte de rétablir ce rapport direct avec le public ? « Le risque du cinéma et de ses compétitions, c’est d’évoluer en vase clos. »

André Dussollier, 50 ans de carrière distingués
par le prix d’AIXcellence d’honneur

Si le réalisateur ayant sa préférence, alias François Ozon figurant parmi la sélection avec le long-métrage « Peter von Kant » n’a pas été primé in fine par le public du Festival du cinéma français au terme de cette première édition, André Dussollier lui s’est vu remettre un prix à part, le prix d’AIXcellence d’honneur des mains du parrain du festival, François Berléand. Amusant quand on sait que François Berléand et André Dussollier sont régulièrement en (saine) concurrence. « François Berléand, c’est mon remplaçant numéro 1. On n’a jamais joué ensemble. J’aimerais beaucoup jouer avec lui... ».

Depuis ses débuts en 1971, on ne lui connaît pas d’interruption. Un, deux, trois, quatre tournages par an, quand ce n’est pas couplé avec le théâtre. Voilà comment il détient un score de 140 films à son actif, en marge encore une fois que ses multiples représentations. La dernière en date, « Novecento, lui a valu 400 représentations (Théâtre du Rond-Point) en 6 ans. « Le théâtre, je ne pourrai jamais m’en lasser, mais c’est du sport, on ne peut pas jouer à l’économie. Alors oui, il vaut bien que je dorme bien, avant minuit si possible. Je garde la forme avec le vélo, le foot, la natation, ou encore le tennis« ..

Après le magistral rôle d’un père éprouvé par la maladie, qui cherche à en finir avec la vie, dans le très poignant « Tout s’est bien passé » de François Ozon (justement!), l’acteur n’a pas dit son dernier mot. « Il y a plein de rôles que j’aimerais jouer« . On l’attend sur grand écran avec « Le Tigre et le Président » de Jean-Marc Peyrefitte à la rentrée. Un film qui revient sur l’échec politique de Clémenceau, face à Paul Deschanel incarné par Jacques Gamblin. André Dussollier lui investit le rôle de Georges Clémenceau.

Encore: « ma préférence va à la comédie, bien-sûr. Mais ce qui l’emporte, c’est le scénario et le rôle d’abord ! Le risque serait d’être dans une seule couleur. J’aime au contraire les grands écarts d’une fiction à l’autre, pour être au service du personnage. En fait, la vie c’est le meilleur scénariste pour le cinéma ».

Merci André Dussollier.

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Publié par Karen

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