Comment en plein été, pouvait-on apprécier un rafraîchissement à Aix-les-Bains ? Retour à la Belle époque, bien avant l’essor du réfrigérateur.
Quelques vieux comptoirs de bars conservent encore un compartiment à glace. Faites un tour au Café des Bains pour en apercevoir un de vos propres yeux. Les plans des anciens hôtels et palaces aussi attestent de la haute importance de disposer de glacière domestique pour proposer des rafraîchissements et même des sorbets, en période estivale.
A Aix, les cafetiers et hôteliers ont longtemps compter sur les attelages descendant des Bauges. « Nos braves glaciers partent dans l’après-midi pour arriver à Aix-les-Bains très tôt (…). La glace qu’ils apportent ains et au prix de tant de peines a une supériorité incontestable sur la glace que l’on fabrique à cause de sa dureté, avantage très appréciable« , nous rappelle l’Avenir aixois en août 1905.
Le progrès aixois tient l’installation en 1905 de la Société Anonyme des Glacières et Frigorifiques d’Aix-les-Bains, Cette nouvelle activité économique permit aussi d’assurer des revenus au bureau de bienfaisance propriétaire du terrain et chargé d’assister les ouvriers de plus de 70 ans dans le besoin.
« Quoi de plus agréable pour ceux dont la mission est de satisfaire aux besoins de l’alimentation de trouver les éléments de la cuisine conservés et prêts à donner entière satisfaction à leurs hôtes, grâce à une installation frigorifique »
L’Avenir aixois, 28 octobre 1905, p.1 – « De la glace artificielle et de l’air froid »
Comme toute glacière industrielle qui se respecte, la proximité d’un point d’eau est indispensable à l’usine. A Aix, on n’avait pas attendu l’essor du thermalisme et l’arrivée de la haute aristocratie, pour capitaliser sur la puissance de l’eau vive.
La glacière fut installée le long de la Chaudanne. Le cours d’eau avait été dévié au XVIIIème siècle pour préserver les sources d’eaux chaudes et permis alors d’alimenter quatre moulins établis hors des anciens remparts. En témoigne encore de nos jours l’actuelle « montée des Moulins ». Empruntée par de courageux piétons, cette montée recouvre le cours d’eau depuis la fin du XIXème siècle et relie l’actuelle rue Davat – anciennement appelée rue des Moulins – tiens tiens ! – à l’entrée de l’ex-palace Mirabeau, dernier point où il est donné d’apercevoir le cours d’eau, qui traverse la ville pour se jeter dans le Tillet.
Vous cherchez encore ? L’ancienne usine se trouvait à la place de l’actuelle aire de jeux qui jouxte l’actuel parking de la … Chaudanne. Avec l’essor de l’électricité et de l’électroménager, plus besoin de glacière. Cessant de fonctionner après la Seconde guerre mondiale, l’ancienne usine fut transformée, pour accueillir pendant une vingtaine d’années une boucherie kasher, des garages et entrepôts, jusqu’à leur entière démolition.
Vous cherchez l’endroit précis de l’ancienne glacière ? Suite à l’opération de réaménagement du quartier, il a été baptisé placette de la Chaudanne.
Coïncidence : le collectif « La Contrée » a transformé en « ruelle verte » le Passage Doisneau – qui dessert la placette jusqu’à la rue Davat. Un projet grandeur nature qui vise à faire la part belle aux îlots de fraicheur.
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