Vous aussi, lorsque vous avez vu pour la première fois un cygne, vous pensiez que ses yeux devaient être ces deux taches noires au dessous de sa tubercule, cette bosse noire qui surplombe son bec ? C’’est cette caractéristique – la turbercule – qui lui vaut le nom de cygne tuberculé et qui le distingue de ses cousins.
Il répond aussi du nom de cygne muet. On aurait pu ne plus jamais en entendre parler d’ailleurs, étant donné qu’il a failli disparaître tant ce noble volatile était prisé à la table des grands de ce monde. Longtemps, il se laissait dire que le cygne était un met de roi.
N’allez pas chercher le chant du cygne sur les bords du lac du Bourget, comme on va en forêt au brame du cerf à l’approche de l’automne. Certes, déjà Platon invoquait la puissance du chant du cygne à l’aube de sa mort… Ce cygne-là, à juste titre baptisé comme cygne chanteur, est un grand migrateur d’Eurasie. Le nôtre est plutôt du genre sédentaire.
Notre cygne à nous se manifeste auprès de celui qui sait saisir l’instant de son envol, ses ailes claquant dans le vent. Pourquoi voudrions-nous qu’il chante, alors que ce spectacle est un moment de grâce absolue ?
Acceptons-le, le cygne de nos lacs n’est pas bavard, encore moins poète – quoiqu’il l’inspire.
